DÉCEMBRE : GHAZA

PAULINE SALES / LES TROIS MULETS

Mise en scène : Claire Cahen

Jeu : Ali Esmili

 Durée : 25mn


En 2007, Pauline Sales est auteure associée de la comédie de Valence, et revient d'un séjour en Israël et en territoires occupés palestiniens. Elle écrit alors, à chacun des acteurs de la troupe, "un portrait", dont “ Yasmina “ (“Décembre :Gaza”, de son titre original). Ali Esmili s’en empare et signe alors l’interprétation ainsi que la proposition scénique.


Un jeune père conduit sa fille malade à un hôpital qui se trouve de l’autre côté de la frontière. Le père explique...sa fille malade... Il a les papiers mais la barrière ne s'ouvre pas. Ne s’ouvrira t elle jamais ? C’est le temps de la fouille, une fouille minutieuse et des soldats aux aguets, dans le désert du check point. C’est aussi le temps des préjugés, de l’indifférence et du cynisme qui pousse les soldats à l’humiliation la plus perverse, devant une petite fille de 7 ans.

Une confrontation au check point. L’histoire d’une injustice.


Nous voilà quelques années après pour une retraversée de ce texte où l’urgence est à l’image du langage vif, précis et sans concession de Pauline Sales. Où la résonnance avec certaines régions en guerre actuellement est toujours et encore là. Et au delà, comme toujours, où le théâtre nous emmène vers un ailleurs, vers une possibilité de réflexion face à l’absurdité de telles situations.

L’acteur seul en scène se tiendra face pour dire et pour faire entendre le cri de ce père poussé au désespoir.


« Seul ce qui est insoutenable est profondément tragique, profondément comique, essentiellement théâtre ! » disait Eugène Ionesco.


                             L'AUTEUR

PAULINE SALES

Née en 1969, elle est comédienne et auteur. Ses pièces sont éditées aux Solitaires Intempestifs et à l’Arche. Elles ont été mises en scène par Richard Brunel, Marie-Pierre Bésanger, Philippe Delaigue, Laurent Laffargue, Jean-Claude Berutti. D’octobre 2002 à mai 2007, elle a été auteur associée à la Comédie de Valence (Centre Dramatique National Drôme-Ardèche).

Plusieurs de ses pièces sont traduites en anglais et en allemand et ont été représentées à l’étranger. Elle collabore avec Silvia Berutti-Ronelt et Philippe Le Moine à la traduction vers le français de pièces du répertoire contemporain de langue allemande et anglaise traduites. Elle a fait partie des intervenants du département écriture de l’Ensatt dirigé par Enzo Cormann. Elle est membre de la coopérative d’écriture, un collectif d’auteurs qui réunit Fabrice Melquiot, Marion Aubert, Enzo Cormann, Rémi Devos, Samuel Gallet, David Lescot...

Depuis janvier 2009, elle codirige avec Vincent Garanger le Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie - Vire. Parmi les créations du Centre Dramatique, elle est l’auteur de À l’ombre mise en scène par Philippe Delaigue, adaptatrice - avec Richard Brunel qui signe la mise en scène - et interprète de J’ai la femme dans le sang, d’après les farces conjugales de Georges Feydeau. Elle a traduit avec Philippe Le Moine Occupe-toi du bébé de Dennis Kelly mise en scène par Olivier Werner et créée à la Colline en janvier 2011.
Elle est l’auteur de De la salive comme oxygène mise en scène par Kheireddine Lardjam, une production du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, CDN, dans le cadre du festival Odyssées en Yvelines (2011) et de En travaux qu’elle met en scène.
Elle joue également dans La Campagne Martin Crimp | Vincent Garanger.
En travaux est sa première mise en scène.


                      EXTRAIT DU TEXTE


“Il y en a qui connaissent déjà l’histoire. Il y en a que cette histoire ennuie, parce qu’on connaît déjà la fin. Tu connais la fin de l’histoire ? Pourquoi on écouterait, regarderait, avec déjà la fin de l’histoire, si encore c’était une belle histoire, si seulement c’était une histoire. Je ne m’énerves pas, Yasmina, je ne m’énerves pas, je dis juste, je vois bien juste, qu’est-ce qu’ils peuvent en faire eux de cette histoire-là qui n’est même pas une histoire ? Je n’ai pas craché, Yasmina, ce n’est pas vrai, je n’ai pas craché, même dans la tête, même en pensée, je n’ai pas craché. Et si j’avais craché, alors, ça nettoie la bouche. Ils ont déjà compris que ce n’est pas une histoire gaie. Ils m’ont vu arriver avec ma peau, ma bouche, le noir de mes yeux, ils connaissent le sujet, Yasmina, chez eux c’est un sujet, un sujet dont on fait des histoires.”